Sacralisation et Individualisation

Activités

Programme de recherche

Corps sacré, corps marchand

Le corps vivant est au centre des préoccupations de nos contemporains : le maintenir beau, en bonne santé, ralentir voire stopper le vieillissement, surmonter les obstacles biologiques de la filiation. Il est sacralisé dans le sens durkheimien : il attire et il sépare. Une hiérarchie inégalitaire entre les corps apparaît que l’on pourrait diviser en trois catégories : entre ceux qui correspondent aux normes dominantes, ceux qui en possèdent le potentiel et ceux qui en resteront éloignés et risquent d’en vendre une partie afin de vivre. Plus que jamais il devient nécessaire de réinterroger la question centrale posée en 2004 "À qui appartient le corps humain ?" dans le cadre d’un projet de recherche interdisciplinaire (droit, sociologie, économie).

Les concepts de biopouvoir, de bioéthique et de bioéconomie structureront une partie de l’argumentaire.
 

  • Le concept de biopouvoir montre comment le pouvoir s’exerce sur le corps, sur la vie selon deux modalités : la discipline des corps et la biopolitique des populations.
  • Marquer les corps n’est plus suffisant – comme le faisait le biopouvoir dans sa forme traditionnelle ; désormais par le biais de l’exercice de la biopolitique l’État régule la population. Et puisque la technique nous le permet, pourquoi chercher à éviter d’avoir recours à ces procédures très pointues et complexes pour résoudre les limites de la condition humaine ? La combinaison ici envisagée entre philosophie et sociologie contribue à questionner la bioéthique, à comprendre comment les autorités scientifiques et politiques cherchent à dépasser les limites temporelles et biologiques assignées à l’existence humaine et à en assurer une acceptabilité sociale. Laquelle permet précisément au droit de rendre accessibles, voire de faciliter, ces techniques innovantes.
  • Enfin, la bioéconomie nous aidera à observer la valorisation financière du corps, notamment via les "marchés contestés". Il s’agira de comprendre comment le débat éthique fait partie prenante actuellement du marché économique et comment certaines transactions deviennent ou non socialement acceptables, sans pour autant être acceptées ou à l’inverse légales mais invisibilisées. Reprenant la catégorisation wébérienne, ils analysent le rôle "des entrepreneurs moraux" qui instrumentalisent la morale grâce à l’usage de catégories telles que "populations fragiles" ou "vulnérables" à protéger. Ce souci dissimule souvent des fins plus mercantiles : ainsi contribuer à légaliser un marché "émergent" permet de limiter les concurrents par exemple.

Cette recherche pourrait nous permettre à la fois de proposer une généalogie de cette sacralisation profane du corps, mais surtout, elle permettrait de révéler comment le sacré religieux constitue toujours un réservoir de sens (dire le monde symboliquement) fondamental dans nos sociétés en sortie de modernité. Comment certaines catégories du catholicisme sont reprises par d’autres acteurs afin de maintenir le corps humain, la vie humaine hors du marché économique ? Les théologiens, liturgistes entre autres seraient alors complémentaires de la sociologie des religions.
 

Co-responsables de l'équipe de recherche

 
Docteure en droit public de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Marie-Caroline Arreto est Professeur extraordinaire à la Faculté de Sciences sociales, d’Economie et de Droit. Elle dirige depuis 2021 le Master "Affaires publiques".
Corinne Valasik est Professeur extraordinaire à la Faculté de Sciences sociales, d’Economie et de Droit. Docteure en sociologie de l’EHESS, elle est spécialiste des questions touchant les intellectuels croyants, la crise de l’Etat providence et les rôles des acteurs religieux dans le secteur social ainsi que des relations entre bioéthique et religions.
 

Partenariats

Membres de l'équipe de recherche

Membres intégrés

  • Marie-Caroline Arreto, co-responsable, Professeur extraordinaire, Faculté de Sciences sociales, d’Economie et de Droit
  • Corinne Valasik, co-responsable, Professeur extraordinaire, Faculté de Sciences sociales, d’Economie et de Droit
  • Dominique Alibert, Maître de conférences, Faculté des Lettres
  • Alejandra Blanquet, Maître de conférences, Faculté de Sciences sociales, d’Economie et de Droit
  • Jérôme de Gramont, Professeur, Faculté de Philosophie
  • Philippe Greiner, Professeur émérite, Faculté de Droit canonique
  • Xavier Gué, Professeur extraordinaire, Faculté de Théologie et de Sciences religieuses
  • Victor Poux, Maître de conférences, Faculté de Sciences sociales, d’Economie et de Droit

Membres associés

  • Sylvie Angot, Professeur à l'Université de Tours
  • Eric Chancellier, Maître de conférences, Faculté de Sciences sociales, d’Economie et de Droit
  • Fabrice Deroissart, Doctorant, Cycle d'études doctorales de Sciences de l'éducation
  • Thibault Desmoulins, Docteur en Droit (Université Paris II Panthéon-Assas)
  • Bernard Djidja, Doctorant, Cycle d'études doctorales de Droit canonique
  • Blandine Humbert, Docteure en Philosophie ( Université Jean Moulin Lyon 3)
  • Mate Paksy, Docteur en Sciences juridiques et politiques (Université Catholique Pázmány Péter de Budapest)
  • Isacco Turina, Docteur en Sociologie (Université de Padoue)