Activités

Programme de recherche

Dieu et ses corps

L’équipe "Bible et Littératures antiques" se donne pour objet de recherche la question des corps de Dieu dans les écrits bibliques et les littératures du Proche-Orient ancien, comme dans les premières réceptions juives et chrétiennes des Écritures.

Le prologue de l’Évangile de Jean contient une affirmation pour le moins audacieuse, selon laquelle Jésus est le Logos, le Verbe de Dieu devenu chair (Jn 1,14). Le logos, entité immatérielle, auquel Jean accorde une nature divine, s’est donc fait chair et a assumé la réalité intime d’un corps. Ainsi Jean proclame-t-il ce que la tradition chrétienne nommera l’incarnation. Que le corps rende Dieu intelligible, mais aussi finalement l’humain, est encore manifeste dans le déploiement qu’opère Paul, notamment dans la première lettre aux Corinthiens, où le caractère polysémique du mot « corps », comme les différentes manières d’être corps, s’offrent comme conditions de possibilité d’une compréhension de Dieu, de l’humain et de sa destinée, de la relation de l’humain à Dieu et à son prochain, de l’Église et de ses sacrements (cf. Ph 2,6-7 ; 1 Co 6,20, etc.). Les premières générations chrétiennes eurent à lutter contre les réticences à admettre que Dieu vient aux humains par la chair. Ces réticences ont d’ailleurs été à l’origine de nombreuses hérésies christologiques.

Dans la Bible hébraïque, Dieu n’a pas seulement un corps mais plusieurs corps. L’idée d’un Dieu immanent, à l’individualité fluide et multiple, au demeurant bien attestée en Mésopotamie et dans les cultures nord-ouest sémitiques, tout à la fois apparaît et est combattue dans la Bible hébraïque, comme dans la littérature rabbinique et les œuvres de la Kabbale. Les textes de l’Ancien Testament font endosser à Dieu diverses formes corporelles ou caractéristiques humaines et le font demeurer en de multiples espaces physiques, lui font habiter stèles ou statuettes... Dieu aurait encore des avatars et pourrait habiter des objets solides comme le bois et la pierre. En définitive, les textes vétérotestamentaires participent d’un débat sur l’immanence et la nature de Dieu lui-même. Par ailleurs, le corpus des écritures bibliques dont l’écriture s’étale sur plusieurs siècles, est sous-tendu par des anthropologies différentes. L’hellénisation du monde sémitique entraîne de ce point de vue des mutations considérables, ce qui demandera à être pris en compte et appellera à travailler aussi sur la Septante. Il conviendra d’examiner les textes bibliques marqués par l’hellénisation du judaïsme.

Vraisemblablement pour le judaïsme rabbinique ancien, Dieu a un corps (et pas simplement des hypostases), dont la nature est au demeurant objet de débat, et la corporéité divine sert à fonder des pratiques concrètes. Une question âprement discutée, et qui devra être prise en compte, est dès lors celle des relations entre le judaïsme rabbinique et le christianisme ancien sur la question du corps divin, laquelle tient notamment au statut accordé au corps divin (corps de la divinité elle-même ou manifestation de celle-ci sous forme d’hypostase).

Enfin, s’il ne faut pas confondre la question de la corporéité de Dieu, de sa nature, et celle de sa représentation plastique, il est envisageable de penser leur articulation et, au-delà des textes, d’examiner les ressources iconographiques du Proche-Orient ancien et du monde méditerranéen.

Les enjeux d’un tel champ d’investigation sont multiples : exégétiques ; théologiques (notamment christologiques, ecclésiologiques et liturgiques) ; anthropologiques ; philosophiques ; historiques (y compris du point de vue de l’histoire et/ou de la théologie de l’art)… de sorte que le projet nécessite des compétences  différentes en termes de champs disciplinaires et de périodes.
 

Responsable de l'équipe de recherche

Sophie Ramond est Professeur au Theologicum. Titulaire d’une maîtrise en philosophie de l’Université Bordeaux-III, docteure en théologie de l’Institut Catholique de Toulouse, HDR de l’Université de Lorraine, elle est spécialiste des psaumes. Elle dirige depuis 2019 l’ELCOA.
 

Partenariats

Membres de l'équipe de recherche

Membres intégrés

Membres associés

  • Mario Al Habar, Cycle des Etudes du Doctorat du Theologicum
  • Olivier Artus, Recteur de l'UCLy
  • Stanley Chinnadurai Anthony Raj, doctorant, Cycle des Etudes du Doctorat du Theologicum
  • Régis Burnet, Professeur à la Faculté de Théologie de l'Université Catholique de Louvain
  • José Costa, Professeur des Universités de l'Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3
  • Innocent Himbaza, enseignant d’Ancien Testament et d’Hébreu à la Faculté de Théologie de l’Université de Fribourg
  • Amal Leyton Gonzalves, doctorant, Cycle des Etudes du Doctorat du Theologicum
  • Emanuelle Pastore, doctorante, Cycle des Etudes du Doctorat du Theologicum
  • Matthieu Richelle, enseignant d’exégèse de l’Ancien Testament et d’Hébreu à la Faculté de Théologie de l’Université catholique de Louvain
  • Claudine Soulard, doctorante, Cycle des Etudes du Doctorat du Theologicum
  • Paul-Martin Makawouna Talake, doctorant, Cycle des Etudes du Doctorat du Theologicum
  • Onyekachi Sunday Ugwu, doctorant, Cycle des Etudes du Doctorat du Theologicum
  • Biasgiu Virgitti, chargé d'enseignement au Theologicum