Entrer dans la dynamique de la liturgie
Musiciens et chanteurs se forment à la théologie du chant et de la musique liturgiques à l
'Institut Supérieur de liturgie. Ils y acquièrent les outils pour inscrire la musique liturgique dans son rapport à l’assemblée célébrante.
Maud Hertz chanteuse professionnelle, témoigne
Un musicien bien formé sait l’importance du silence dans la musique. Il a appris à le lire sur sa partition et à lui donner sa place, une place juste, ordonnée aux sons et rythmes qui l’entourent. Il sait aussi que la qualité du silence qui précède toute musique est le gage d’une bonne écoute et que l’intensité de celui qui lui succède témoigne d’un émerveillement.
L’écoute et l’émerveillement : voilà deux mots, ou plutôt deux attitudes, chères au musicien, qui résument bien ce que le
Diplôme universitaire de Musique liturgique (DUML) a permis de renouveler et raffermir en moi. On pourrait se demander si c’est ce que l’on attend d’une formation venant d’un Institut Supérieur de Liturgie !
Certes les riches enseignements dispensés par d’éminents professeurs forcent l’écoute et suscitent même l’émerveillement !
Mais il s’agit là bien plutôt d’un
déplacement en profondeur.
Car, oui,
tout musicien d’église, a ses certitudes, son expérience, ses rêves en matière de musique liturgique. S’il peut être conforté, rassuré ou encore stimulé, la formation théologique de l’ISL l’incite à entrer dans la dynamique de la liturgie elle-même :
se mettre à l’écoute du Christ et s’émerveiller devant son Mystère pascal. Autrement dit, se laisser traverser par la Mort et la Résurrection du Christ qui « fait toutes choses nouvelles » (Ap 21, 5).
En effet, comment comprendre le rôle et la place de la musique dans la liturgie, si l’on n’a pas approfondi sérieusement ce que la liturgie nous appelle à vivre ?
L’enjeu se situe bien au-delà des considérations normatives ou esthétiques d’une célébration, mais, comme le rappelle le Pape François, dans cette question fondamentale : « comment retrouver la capacité de vivre pleinement l’action liturgique ? » (Pape François, Lettre Apostolique
Desiderio desideravi 27).
Car, ne l’oublions pas, par
la liturgie, « s’exerce l’œuvre de notre Rédemption » (Concile Vatican II, Constitution sur la Sainte Liturgie n.2, citant la Secrète du 9
e dimanche après la Pentecôte).
Se former, une étape indispensable
Un bagage minimum en théologie de la liturgie est donc nécessaire, et j’oserais même dire vital, pour
servir de manière ajustée toute célébration.
Concrètement, le musicien d’église est appelé
faire des choix de répertoire. Son discernement doit être éclairé, modelé à la lumière d’une Tradition, d’un enseignement qui est celui de l’Église universelle. Non pas un enseignement contraignant, mais bien plus, un enseignement dont les
apports anthropologiques, théologiques, historiques, liturgiques, ecclésiaux, pastoraux ouvrent à une véritable participation au Mystère pascal du Christ, source de toute liberté, et même de toute beauté.
Illustration : David Beale. Unsplash.com