Desiderio desideravi : un nouveau souffle pour la formation liturgique

La formation liturgique, portée par le pape François

La formation liturgique, qui figure dans le titre complet de la lettre du pape François : Lettre apostolique Desiderio desideravi du saint-Père François aux évêques, prêtres et diacres, aux personnes consacrées et fidèles laïcs sur la formation liturgique du Peuple de Dieu, en constitue le cœur, moins parce qu’elle en occupe la partie centrale que parce qu’elle est, semble-t-il à son origine dans les projets du pape.

En ce sens François reprend une des grandes intuitions de la Constitution de Vatican II sur la sainte Liturgie qui associe du numéro 14 au numéro 20 formation liturgique à participation active, faisant même de la mise en place de la première une condition nécessaire à l’obtention de la seconde.

Cependant François se distingue de ses lointains prédécesseurs conciliaires en insistant au moins autant à la formation par la liturgie qu’à la formation à la liturgie.
C’est probablement en ce sens qu’il faut accueillir le long chapitre, conclusif, qu’il consacre à l’art de célébrer, un appel qui vaut autant pour les laïcs que pour les ministres ordonnés, même si le pape centre son propos sur l’art de présider.

Un encouragement pour les enseignants de l'ISL

Pour nous formateurs en liturgie, ce long plaidoyer en faveur de ce qui fait le cœur de notre mission au service de l’Église depuis près de 70 ans à l’ISL est évidemment un puissant encouragement. Mais il ne faudrait pas réduire cette Lettre apostolique à son appel à la formation.
La première partie est beaucoup plus qu’une introduction, elle constitue une tentative bienvenue, 60 ans après le Concile, de reformuler certaines des fortes intuitions du Mouvement Liturgique reprises par le Concile en les adaptant aux conditions de la post modernité et en leur donnant une tonalité à la fois pastorale et spirituelle caractéristiques du style de François.

Ainsi le caractère divino humain de la liturgie, envisagée comme une action est-il reformulé à partir du désir même de Jésus, qui est le premier acteur de la liturgie, suscitant en retour la réponse de l’homme envisagée en termes d’émerveillement. Ainsi le caractère communautaire et normé de la prière liturgique est-il mobilisé comme une puissante antidote à ce que le pape dénonce comme un des poisons qui stérilise la mission de l’Église et qu’il qualifie de gnosticisme.

De même le caractère absolument gracieux de l’action liturgique est-il mobilisé comme une antidote à l’autre poison déjà dénoncé dans Evangelii gaudium et que le pape qualifie de néo pélagianisme. Il n’est pas jusqu’à la théologie de la création qui ne trouve sa place dans cette belle Lettre : avec des accents irénéens, le pape enracine une théologie de la création dans la théologie de l’action liturgique, affirmant avec une fulgurance très ajustée qu’en créant l’eau par exemple, Dieu avait en tête le baptême qui en constitue l’horizon et l’accomplissement ! Des ressources qui complètent heureusement Laudato-Si de facture très morale !

Merci Saint-Père pour ce grand texte qui vous situe dans la longue et belle tradition des pontifes qui depuis Pie X et Tra Le sollicutidini, jusque Benoit XVI et Verbum Domini en passant par Pie XII et Mediator Dei ou Jean Paul II et Vicensimus quintus annus ont accompagné de manière constante le développement et la réception du Mouvement Liturgique.

L’ISL accompagne la réception de Desiderio desideravi

• de nombreuses interventions et sessions dans les diocèses ;
• différentes publications dont le récent article de P Prétot dans le numéro 310 de La Maison-Dieu : La lettre apostolique Desiderio Desideravi du Pape François : une nouvelle manière d’aborder le débat en liturgie ;
• un Colloque international prévu les 31 janvier, 1^er 2 février 2024 à Paris sous la présidence du cardinal Roche, préfet de la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements.

A vos agendas

A noter les 10 et 11 mai prochains : les journées nationales du SNPLS Service national de pastorale liturgique et sacramentelle.  « J’ai désiré d’un grand désir » : liturgie, musique et art sacré, la grâce d’une alliance au service de la vie spirituelle, avec la participation du cardinal Roche.
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