A partir du moment où je me suis arrêtée de travailler pour me consacrer à mes enfants, j'ai enchainé les missions ecclésiales qui s’étaient élargies et complexifiées au fur et à mesure. J’avais reçue et vécue la formation interdiocésaine « Annoncer » mais elle avait plus éveillé ma curiosité et avait soulevé nombre de questionnements qu’étancher réellement ma soif. Elle s’est révélée relativement et rapidement un peu juste.
Mon intention initiale en arrivant à l’IER était simple : je désirais recevoir un enseignement universitaire pluridisciplinaire m’apportant un socle de connaissance, plus élargi, cohérent
Cela était devenu une nécessité afin de remplir sereinement et sérieusement les missions qui m’étaient confiées. C’était une question de responsabilité personnelle envers les personnes qui m’avaient été confiées et surtout envers celui qui me les avait confié.
Au fil des différents cours, en allant à la découverte de qui est Dieu, j’ai découvert qui est l’homme, dans sa dimension spirituelle en relation à Dieu, mais aussi dans son environnement écologique, économique, politique social.
Je pensais prendre de la distance avec la réalité de la vie, prendre de la hauteur. En fait il n’en a rien été. Tout au contraire, nous avons abordé les grandes questions de la vie, des questions d’actualité brulantes, émergeant d’une société de plus en plus complexe et en mouvement, économiquement mondialisée mais aussi parfois déshumanisée.
Rien de ce que vit l’homme n’est étranger à Dieu. Dieu parle. Il ne n’a cessé et ne cesse de s’exprimer. Il s’exprime dans sa Parole, au travers de l’Église, des théologiens…Aucun sujet n’échappe à sa perspicacité. A chaque baptisé, la responsabilité et la mission de transmettre une parole au langage adapté aux réalités de terrain, afin d’être recevable, pour être entendue dans un monde polymorphe en continuelle évolution.
Le cours d’ecclésiologie a été l’occasion, pour moi, d’un déplacement radical de ma perception, de ma connaissance de l’Église. D’une vision de l’Église, corps du Christ agissant dans le monde, dispensatrice des sacrements, mais aussi, fonctionnelle, hiérarchique, centrée sur l’activité des clercs, je suis passée à tout autre chose, à une vison multi dimensionnelle, dynamique : celle de l’Église spirituelle, assemblée universelle, des croyants du passé comme ceux du présent
L’Église est mystère parce que, dans sa réalité visible, elle représente et accomplit une réalité spirituelle, divine, qui se perçoit uniquement avec les yeux de la foi. A sa tête, le Christ la dirige L’Eglise est un corps vivant qui respire, qui vit au souffle de l’Esprit Saint. Elle pense de façon plurielle quoiqu’on pense et avance avec collégialité et synodalité, ce qui n’exclue ni les difficultés, ni les accidents de parcours, ni même les blessures profondes.
De cette découverte a découlé une manière différente de comprendre les textes magistériels avec pour ma part la nécessité de les recevoir de manière active et me sentir concernée par sa mise en œuvre. Il y va de ma responsabilité personnelle de baptisée.
J’arrive désormais à me situer à la juste place, au sein de cette Eglise, dans et au service du monde
Au cours de ces quatre ans de préparation du DUER, les validations de fin de semestre ont été l’occasion d’un volume de travail très conséquent mais surtout l’occasion d’une réflexion en profondeur, d’un compagnonnage avec théologien, d’une proximité plus étroite avec un auteur, un sujet, une question.
Pour ma part cela a été le cas, avec Saint Augustin et « La catéchèse des débutants » et cela m’a permis découvrir combien le TNOC s’enracinait dans l’expérience de l’Eglise des premiers siècles et de percevoir l’intérêt de retourner aux fondements patristiques.
Cela a été le cas, aussi avec Marcel Neusch que j’ai découvert en travaillant sur l’un de ses ouvrages (« Le mal » éd Centurion) dans lequel j’ai particulièrement appréciée sa qualité de grand pédagogue et de grand vulgarisateur, au sens noble du terme. Marcel Neusch assomptionniste a été directeur de l’Institut de science et théologie des religions, ici, à l’ICP. Cela était particulièrement émouvant car nous étions en décembre 2015, au moment même où nous apprenions son décès. Par-delà la mort, il continuait sa mission de toujours, enseigner.
Les fruits de cet investissement
Cette formation m’a permis d’aborder mes missions pastorales de terrain (préparation au sacrement du baptême des petits enfants et préparation à la confirmation des jeunes de 2d de l’aumônerie) d’une manière plus assurée, plus détendue, laissant toute la place au plaisir de la rencontre. Cela ne veut dire que celles-ci ne soient pas pensées, préparées et structurées mais je n’ai plus à m’inquiéter de la question déstabilisante à laquelle je ne pourrais donner aucune réponse. Je suis tout à fait consciente que je ne maitrise pas tout le savoir mais je sais désormais où chercher les réponses…Je suis outillée pour la route
Lors de rencontres de préparation au baptême, l’attente des jeunes couples est importante, tout comme le sont leur ouverture et leur réceptivité même s’ils sont peu pratiquants pour la majorité …Et tout apport qu’il soit biblique ou liturgique est toujours accueilli avec très grand intérêt. Ils se sentent touchés, respectés. De cela, ils témoignent spontanément.
Travailler à la qualité de notre proposition, en venant à l’IER, c’est être attentive à leurs besoins.
C’est aussi prendre soin d’eux au mieux, leur montrer combien ils sont précieux à mes yeux et encore plus aux yeux de Dieu. C’est témoigner concrètement de son amour.
Je ne peux terminer sans témoigner de la réelle fraternité qui s’exerce, ici entre les étudiants de l’IER et surtout de la joie, née de cette expérience de vie ecclésiale par laquelle le Seigneur façonne notre cœur, convoque notre intelligence et nous provoque lui donner une réponse éclairée par les apports de la connaissance.
Je conclurai en citant les actes des apôtres, chapitre 8 qui rend compte de la rencontre de l’apôtre Philippe et de l’eunuque
Versets 30 et 31 :
« alors Philippe lui demanda : « Comprends-tu ce que tu lis ? » »L’autre lui répondit :
« Et comment le pourrais-je s’il n’y a personne pour me guider ? » Il invita donc Philippe à monter et à s’asseoir à côté de lui.
[…] verset 35 : Alors Philippe prit la parole et, à partir de ce passage de l’Écriture, il lui annonça la Bonne Nouvelle de Jésus.
Merci à vous, chers professeurs d’être, tout comme Philippe, ces guides savants, proches, attentif et patients de nos découvertes, de nos progrès. Merci de nous ouvrir, toujours plus, à l’annonce de la Bonne Nouvelle de Jésus Christ, de faire de nous des témoins dans le monde, plus subtiles et plus solides de tout l’enseignement que vous nous avez apporté.
Encore merci à vous tous.