"La liberté de penser m'a ouvert la voie à une pensée créative et constructive"

Vous êtes désormais titulaire de la Licence canonique en Droit canonique. Que vous ont apporté vos études ?

En général, la pédagogie indienne se concentre sur « ce qu'il faut penser ». Par conséquent, les étudiants sont essentiellement formés à obéir, à suivre et à maintenir le statu quo. En revanche, mes études à l'ICP et mon séjour en France m'ont appris l'importance du « comment penser ». La liberté de penser a ouvert la voie à une pensée créative et constructive, tout en respectant le statu quo uniquement lorsque c'est nécessaire et en le remettant en question lorsque c'est nécessaire ou possible.

Vous préparerez à la rentrée prochaine un doctorat en Droit canonique. Sur quoi porte vos travaux de recherche ?

Je me prépare à servir comme formateur dans notre grand séminaire et je serai en mission d'enseignement après mes études. J'ai donc décidé de travailler sur les canons qui traitent de la formation des candidats à la prêtrise. En outre, comme en Occident, la vocation à la vie religieuse et sacerdotale est en déclin dans notre pays. J'ai donc intérêt à traiter deux thèmes :

• la question canonique d'un clergé marié ;
• la fusion de congrégations religieuses et d'instituts de la vie consacrée.

Le choix définitif sera fait en consultation avec mon archevêque avant que je ne commence mes études en septembre 2023.

En Inde, pays le plus peuplé du monde, quelle est la place du catholicisme ?

Le catholicisme en Inde, bien que représentant 2,4 % de la population sur 1,4 milliard d'habitants, est identifié pour ses œuvres de charité et d'éducation. Le catholicisme reste le héraut de la paix par ses interventions constantes en faveur du dialogue interreligieux et de l'œcuménisme. L'attention portée aux plus démunis, l'éducation de qualité dispensée aux exclus et la participation sociale à la transformation de la société sont les caractéristiques saillantes du catholicisme en Inde. Contrairement aux autres confessions, le catholicisme s'intéresse moins au prosélytisme qu'au témoignage. La foi catholique en Inde se vit par la transmission, la proposition et avant tout par le témoignage.
 

Que peut apporter le droit canonique à l'Église indienne ?  

En Inde, nous avons trois rites (latin, syro-malabar et syro-malakara). Le rite latin est le rite prédominant dans toute l'Inde, à l'exception du Kerala et de quelques lieux missionnaires dans d'autres parties du pays.

Au niveau national, la présence du droit canonique est une bénédiction pour la nation, car toutes les questions concernant l'Église catholique et son administration sont traitées dans le forum interne de l'Église, par exemple - la question du mariage – le mariage à l’Eglise ne nous oblige pas un mariage civil auparavant- l’administration des bien temporels et les instituts d’éducation.
Le droit civil indien laisse suffisamment de place au droit canonique dans le cadre du droit des minorités chrétiennes. Contrairement à l'hindouisme non-organisé hiérarchiquement, le droit canonique garantit l'organisation de l'Église indienne.