Colloque
Paris
le 18 janvier 2025, de 09H00 à 17H30

Rouge – Couleurs et Religions | Journée d'étude

Quel rapport entre couleurs et religions dans le temps et dans l'espace ? Participez à la journée d'étude organisée par Véronique Vassal, directrice du département Histoire de l'art de la Faculté des Lettres de l'ICP, en collaboration avec le projet collectif RED d'ArScAn (UMR 7041), le 18 janvier prochain, à l'ICP.

Cet évènement vous est proposé en partenariat avec
Organisé avec : 
journée d'étude rouge - couleurs et religions Hypogée des Cristallini (tombes de l'époque hellénistique -Naples) - ICP

Une exploration du symbolisme religieux et de ses codes chromatiques

Peu d’espèces biologiques prélèvent des matières dans leur environnement afin de pouvoir les transformer en colorants et les appliquer sur différents supports. L’Humanité applique ces couleurs artificielles à des fins variables : appropriation territoriale, parure, revendication culturelle, langage sans parole… cette diversité d’objectifs est unique dans le règne animal.
 
La production d’éléments matériels traduisant une spiritualité est une autre spécificité des hominidés. Parmi ces spiritualités, le domaine religieux paraît le plus abordable à étudier de manière diachronique grâce à ses dimensions communautaire, traditionnelle et symbolique.
 
Participez à une journée scientifique le 18 janvier 2025, de 9h à 17h30 à l'ICP, pour analyser les rapports entre couleurs et religions sans limitation chronologique, géographique ou disciplinaire.
Elle s’articulera selon trois axes de réflexion :
  • Rites rouges
Le rouge occupe une place particulière dans de nombreux rites.
Cette gamme chromatique est particulièrement abondante dans les rites funéraires. Les premières inhumations volontaires attestées datent du Paléolithique moyen. Elles se caractérisent notamment par une grande quantité d’ocre déposée sur le défunt. Les traitements du défunt ont évolué au fil des âges et se sont multipliés : la couleur rouge entre alors dans le traitement architectural et le mobilier funéraires. Les funérailles sont documentées pour les périodes les plus récentes. L’omniprésence de la couleur rouge chez certaines cultures extra-occidentales est frappante pour les festivités célébrant le passage du défunt au statut d’ancêtre. Dans certaines procédures complexes, des ossements reliques sont exhumés et colorés en rouge. Tel est le cas par exemple des Chinchas andins qui de 1000 à 1800 peignaient des motifs abstraits rouges à l’intérieur et à la surface des crânes. Chez les Koma d’Afrique, une fois le crâne sorti de terre et correctement nettoyé, on l’enduit d’huile de palme et d’ocre rouge, ce qui va le colorer entièrement. Incarnant l’esprit de l’ancêtre, le crâne rouge prendra part à de nombreuses cérémonies.
 
Hormis les rites funéraires, certaines entités spirituelles doivent être honorées par la présence de la couleur rouge seule (monochrome) ou en association avec une autre teinte (polychromes) dans tout ce qui leur est dédié : représentation de l’entité, offrandes et costumes des adeptes pour l’occasion.
 
  • Codification religieuse par les couleurs
La codification colorée du religieux ne se limite pas à la présence d’une dominante dans des cérémonies spécifiques. On retrouve les couleurs dans des moments clés des récits. Ainsi, dans les religions du Livre, Rahab doit attacher un cordon écarlate à sa fenêtre pour lui éviter malheur, tout comme les Juifs qui doivent oindre leur linteau et les montants de sang de mouton pour échapper à la troisième plaie d’Egypte. Ici le rouge est un signe de ralliement.
Les couleurs sont aussi largement employées dans l’art religieux pour le rendre plus aisément interprétable. Des personnages, des moments et des valeurs ont ainsi obtenu un code couleur spécifique.
 
  • Evocation des teintes et symbolisme des couleurs dérivés de la religion
Dans l’Antiquité, les couleurs, et en particulier le rouge, possédaient une charge symbolique intense, reflétant des croyances religieuses et des valeurs philosophiques profondes. Utilisé dans les vêtements rituels, les fresques, les objets sacrés et divers contextes artistiques, le rouge exprimait des concepts spirituels et moraux, tout en étant un vecteur de protection mystique. Associé au sang et au feu, il honorait les dieux tout en conférant force et protection aux hommes, créant ainsi un lien symbolique et sacré entre le monde terrestre et divin.

Réciproquement, les codes religieux ont influencé la désignation des couleurs et leur symbolisme. Par exemple, en français, le rouge cardinal désigne une teinte spécifique très soutenue. Mais la plupart du temps, l’influence de la religion sur la sémiotique des couleurs est plus confuse.
Cette journée d’étude se consacrera à l’exploration de ce symbolisme complexe et de ses significations.
 
 

Programme

  • 9h : Introduction : Mathilde Buratti, Post-doctorante, UMR Temps 8068 - CNRS ; François Debrabant, Directeur, Musée de Préhistoire de Lussac-les-Châteaux ; Véronique VassalDirectrice du département Histoire de l'art et archéologie à la Faculté des Lettres (ICP) 
  • 9h30 - 9h50 : Le rouge au Paléolithique supérieur : entre usage fonctionnel, artistique et « symbolique », par Sophie de Beaune, Professeur, Université Jean Moulin Lyon 3
  • 9h50 - 10h10 : Religions traditionnelles africaines et flore rouge du Grand Golfe de Guinée, par Mathilde Buratti, Post-doctorante, UMR Temps 8068 - CNRS
  • 10h10 - 10h30 : Stabilité et variation dans la répétition : la place du rouge dans l’établissement du cosmogramme coloré des Mayas, par Julien Hiquet, Post-doctorant, UMR 8096 ArchAm / Université Paris 1 - Panthéon-Sorbonne
  • 10h30 - 10h50 : L’usage et le sens de la couleur dans la culture Paracas. Le cas du complexe archéologique Animas Altas/Animas Bajas, par Aïcha Bachir Bacha, Archéologue, EHESS, directrice du programme archéologique Animas Altas, Pérou
  • 11h30 - 11h50 : L’usage de la couleur rouge sur les sols et les parois des tombes : entre prestige et sacré, par Véronique Vassal, Maître de Conférences, Histoire de l'art et archéologie de l'Antiquité classique - Faculté des Lettres (ICP)
  • 11h50 - 12h10 : Entre magie et médecine : symbolique et emploi des gemmes de couleur rouge, par Sandra Jaeggi-Richoz, Maître de Conférences, Histoire ancienne - Faculté des Lettres (ICP)
  • 12h10 - 14h20 : Questions suivis d’une pause déjeuner
  • 14h20 - 14h40 : Le porphyre, entre empire et religion, par Hélène Fragaki, Mercator Fellow, Université d'Augsbourg
  • 14h40 - 15h00 : La couleur rouge et Jupiter Capitolin, par Karolina Kaderka, Ingénieur d'études, EPHE
  • 15h00 - 15h20 : Le rouge sur les sculptures romaines : vers une interprétation socioreligieuse ? Par Elisabetta Neri, Chercheur associé, CNRS UMR 8167, Orient & Méditerranée
  • 15h50 - 16h10 : Rouge et pourpre : semblance et dissemblance dans l’image byzantine, par Élisabeth Ruchaud, Maître de Conférences, Histoire de l’art médiéval, Faculté des Lettres (ICP)
  • 16h10 - 16h30 : La couleur du bouleversement : entre réappropriation historiciste et révolution spirituelle, le rouge dans les sujets religieux chez les préraphaélites, par Émilie Martin-Neute.
  • 16h30 - 16h50 : La saturation du visible. Les vitraux d’Aurélie Nemours à Salagon, par Julien Sauvé, Doctorant, ISL / Theologicum (ICP)
  • 16h50 - 17h10 : De l'Empereur Jaune aux Chefs Rouges de la Chine communiste, par Emmanuel Lincot, Professeur, Sinologue (ICP)

Informations pratiques


Rouge - Couleurs et Religions est un événement scientifique organisé avec la collaboration de Mathilde Buratti, chercheur équipe VEPMO, et François Debrabant, directeur du musée de Lussac-les-Châteaux, dans le cadre du programme collectif d’ArScAn (UMR 7041) : Rouge étude diachronique. Regards croisés de l'art préhistorique à l'art contemporain.
 
Lieu(x) :
  • Paris
Publié le 12 décembre 2024 Mis à jour le 19 décembre 2024

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