Vices et vertus épistémiques : le dernier n° de Transversalités vient de paraître !

Chaque trimestre, l’ICP publie sa revue Transversalités . Celle-ci rassemble des travaux de recherche pluridisciplinaire sur des thématiques de l’Unité de Recherche « Religion, Culture et Société » (EA 7403).
Le dossier du dernier numéro s’intitule Vices et vertus épistémiques. Ronan Sharkey, Maître de conférences à la Faculté de Philosophie, revient pour nous sur son contenu et le choix de cette thématique.
 

Pouvez-vous expliquer la thématique du dernier dossier de Transversalités ?

Ce dossier, intitulé Vertus et vices épistémiques, aborde la question de notre rapport à la vérité et au mensonge et plus largement à la connaissance et à l'ignorance dans le cadre du discours public. Par "discours" il faut ici entendre non seulement la prise de parole dans les médias ou à l'Assemblée nationale, mais aussi les conférences et publications académiques et non académiques, ainsi que celles qui apparaissent dans les médias sociaux, lesquelles tendent, malheureusement, à favoriser une désinformation croissante.

Cette évolution récente pose en effet avec une acuité particulière des questions qui touchent aussi bien à la stabilité de nos institutions qu'à la structuration de notre vie mentale. Or, c'est à cette seconde inquiétude que nous avons consacré ce dossier à propos des vertus et des vices intellectuelles : comment articuler le rapport entre l'intelligence et le bien ? Plus précisément, faut-il comprendre l'intégrité intellectuelle - le fait de soumettre la pensée et son expression à la discipline du vrai et d'assumer pleinement sa responsabilité en cas d'erreur - comme une dimension constitutive d'une nature humaine éventuellement perfectible ? Ou, au contraire, comme le reflet d'une normativité rationnelle qui est susceptible de gouverner nos comportements "savants" sans toucher à notre liberté individuelle ?
 

Comment est née l’idée de ce dossier ?

C'est à la suite de la lecture de deux livres récents, Les vices du savoir de Pascal Engel (2019) et L'éthique intellectuelle : une épistémologie des vertus de Roger Pouivet (2020) que l'idée m'est venue de confronter ces deux perspectives contrastées à propos de la relation entre la pensée et le bien. Ces deux ouvrages défendent en effet chacun l'une de ces deux orientations :

• celui de Pascal Engel identifie avec brio les vices cognitifs qui se manifestent autour de nous (refus des méthodes scientifiques, contestation des savoirs à des fins politiques ou personnelles, vantardise intellectuelle, plagiat, etc.) et esquisse pour les combattre une philosophie normative des raisons ;
• en s'inspirant de l'épistémologie des vertus angloaméricaine récente, celui de Roger Pouivet renouvelle la perspective thomiste qui voit la structuration de l'être humain pensant comme inséparable de son devenir, psychologique comme théologal.

 

Pourquoi avoir choisi ce thème ?

Le dossier publie les actes d'une journée d'études qui a eu lieu à l'ICP en mars 2021 en présence de ces deux auteurs ainsi que de deux autres philosophes, Yann Schmitt et Ronan Sharkey, ainsi qu’un théologien, Henri-Jérôme Gagey. En raison du confinement, les échanges, suivi par 80 personnes environ, avaient eu lieu par Zoom. Leur publication permet de les remettre, comme il se doit, dans la sphère publique.

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