Portrait

Joris ou l'art de mettre la musique au service du handicap

Violoniste depuis toujours, Joris est diplômé du Master MEEF - parcours Cadres d'éducation de l’ICP, et vient de remporter le Prix scientifique de L’Harmattan 2024. Une belle actualité pour un étudiant engagé qui a mis au cœur de son amour pour la musique l’inclusion des personnes en situation de handicap.

Joris promo 2023 D.R.

Pourquoi avez-vous travaillé sur le lien entre musique et handicap ?

Le handicap a toujours fait partie de ma vie et j’ai été élevé dans le respect de chaque personne. Lorsque j’étudiais au conservatoire de Perpignan, on m’a proposé des projets avec des jeunes malentendants. Comme une évidence, j’ai été tout de suite à l’aise tout en ne comprenant pas les réticences exprimées par d’autres musiciens.
Depuis, j’ai toujours travaillé dans des domaines en lien avec le handicap, notamment avec la Fédération APAJH (Association pour Adultes et Jeunes Handicapés). Depuis quelques années je suis référent handicap à L’Apprenti Musicien, un ensemble d’écoles de musique à Paris.
 

Qu’est-ce que le Master MEEF, parcours Cadres d'éducation vous a apporté ?

Tout d’abord, le rythme du Master est idéal quand on travaille déjà, car les cours s’équilibrent bien entre le présentiel et le distanciel.

L’aspect recherche du Master m’a beaucoup éclairé sur le handicap et les raisons pour lesquelles je me suis intéressé à cette question. Grâce à son option « Communauté éducative inclusive », j’ai pu trouver des réponses aux questions que ma pratique soulevait et des modalités pour légitimer mon travail au quotidien. 
Certains enseignants ont bouleversé ma pratique, je pense notamment à Corinne Mérini et à ses cours sur la coéducation et la coopération liée aux situations de handicap.
 

Qu’avez-vous apprécié lors de vos deux années d’études à l’ICP ?

Ce que j’ai apprécié à l’ICP, c’est la qualité de l’encadrement que j’ai reçu. Adrien Bourg, Séverine Parayre et Anne Olivier m’ont beaucoup soutenu et encouragé, ce qui m’a donné confiance en moi. Ils ont été très réactifs par rapport à mon travail, ce qui a facilité l’avancée de mon mémoire. 
 

Quelles sont, à votre avis, les raisons pour lesquelles L’Harmattan a distingué votre mémoire en vous décernant son Prix scientifique 2024 ?

Selon moi, la maison d'édition L’Harmattan a apprécié le lien très fort que j’entretiens avec le terrain. Mon mémoire a été l’occasion de questionner plus de 77 professionnels de l’enseignement de la musique. Certains estiment que ce n’est pas leur métier d’accueillir des personnes en situation de handicap dans leurs activités. J’ai pu donc analyser ces situations de conflit.

J’ai par ailleurs découvert à quel point je n’étais pas seul en décortiquant les avancées de certains établissements qui sont devenus des références dans l’accueil des personnes en situation de handicap, par exemple à Caen ou à Bayonne.
De plus, à ma connaissance, il n’existe pas d’ouvrage comme le mien, qui mélange textes législatifs, pratiques déclarées de terrain et théories scientifiques. C’est un champ de recherche qu’il faut encore creuser.
 

Quelles sont vos prochaines étapes ?

Mon Master m’a permis de gagner en légitimé et en reconnaissance auprès de certains acteurs de mon secteur d’activité. Je suis devenu coordinateur pédagogique de l’école de musique où je travaille, et de plus en plus d’établissements me sollicitent.
Je travaille actuellement sur des projets autour du métier de référent handicap dans les structures d’enseignement artistique avec le département de la Gironde, je suis aussi en discussions pour devenir doctorant de la Ville de Paris sur ces questions…
Beaucoup de structures souhaitent harmoniser et repenser leur projet d’établissements avec une démarche inclusive plus conséquente.

 
Publié le 13 mai 2024 Mis à jour le 23 mai 2024

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