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Tirer les leçons d'une crise pour diriger autrement

Marc Grassin, philosophe et directeur de l'IVHM de l'ICP, livre son analyse sur le devenir des remises en question des fondements de notre société posées durant la crise de Covid. Quelles perspectives pour ces réflexions passagères issues d’une crise inédite et comment les intégrer dans une stratégie de gouvernance ?

Marc GRassin

Marc Grassin est pharmacien de formation, philosophe et enseignant chercheur à l'ICP. Il dirige l’Institut Vaugirard Management et Humanités (IVHM) de l’Institut Catholique de Paris.

La crise Covid semble déjà loin…

Digérée en quelque sorte ? Oubliée ? Comme une sorte de mauvais souvenir.

Le mantra d’un monde d’après qui aurait tiré les leçons des logiques « mortifères » de nos manières de fonctionner a été dissout par le désir et la volonté de conserver notre niveau de vie. La vie économique et politique a repris son droit.

Pourtant, quelque chose a bel et bien changé : la crise de la Covid a été un catalyseur et un accélérateur d’une prise de conscience, celle de la nécessité d’une refonte des priorités. Et lorsque la conscience émerge, plus rien n’est tout à fait pareil. Une partie de l’obscurité du monde et de son voile est levée. Priorité de la vie sur la mort, priorité du sens sur le non-sens, priorité du qualitatif sur le quantitatif, priorité du solidaire sur le chacun pour soi, priorité du territoire versus le central. Autant de nouvelles tensions qui sont revendiquées et travaillées. Au-delà des dénis et des conservatismes qui demeurent, par frilosité ou manque de probité intellectuelle, le monde a changé et c’est tout à la fois une bonne nouvelle et une espérance.

La conscience que le retour de la guerre n’est jamais loin, que nous aurons à porter les effets de la crise de biodiversité et la crise climatique, que la ressource énergétique est une denrée rare obligeant à revisiter notre « économie » et notre anthropologie du mouvement, ouvre un nouvel espace pour créer de nouvelles pratiques.

 

Le monde a changé, parce que le monde change déjà maintenant !

Un changement de paradigme par le petit pas volontaire de certains qui changent lentement mais sûrement leur manière de penser et de faire, de comprendre, leur manière de « relationner ». Et par effet de contagion, cela change collectivement et culturellement nos manières de faire et de penser.

Il ne s’agit pas d’une révolution du grand soir, où tout à coup plus rien ne serait comme avant. Non, il s’agit d’une révolution plus silencieuse, plus intime, plus incarnée.


Elle opère lorsque que des hommes et des femmes questionnent le sens de leur travail et revendique des équilibres plus cohérents entre le professionnel et le privé, lorsque des hommes et des femmes prêtent autrement attention à leur environnement, leur consommation, lorsque des entreprises questionnent leur mission et leur rôle.

Nombreuses sont les manières de vouloir différemment conduire sa vie pour différemment conduire le monde. Le défi qui nous oblige est double :
  • Premièrement, il s’agit de se défaire de soi, de sa prétention à savoir et à comprendre pour regarder « ce qu’il y a de beau » comme le chantait Jacques Brel.
  • Deuxièmement, il s’agit de faire confiance, d’oser l’autre et de se laisser conduire par les multiples « manières d’être vivants ». (Baptiste Morizot).

L’enjeu est, au sens propre, éthique, c’est-à-dire que nous avons à revisiter nos comportements ordinaires, nos habitudes d’être, de penser et de faire face à ce qui émerge de toutes ces pratiques et de ces revendications d’un autrement du monde.


Diriger autrement

Diriger, c’est-à-dire conduire des orientations, que ce soit dans sa vie ou des collectifs, nécessite cette « compétence du changement » qui permet de voir autrement, avec et par l’autre, pour essayer d’être au plus proche, au plus juste de ce qui convient pour faire de notre réalité un monde soutenable.

C’est un chemin et une pratique où nous avons à aiguiser notre sens de la mesure, notre sens de la question, notre sens de la vision, notre sensibilité.

Le Cercle Dirigeant Esprit Critique (CEDC) a été créé par 8 dirigeants qui éprouvaient ce besoin et ce désir. Prolongeant ainsi le travail initié ensemble dans le parcours dirigeant de l’Institut Vaugirard Humanités et Management, le CDEC se nourrit par la conversation et, à petits pas, essaie d’avancer autrement pour tirer les leçons sans en donner.
 

La formation continue à l'ICP

Via des parcours diplômants ou non diplômants, sur mesure ou modulaires, compatibles avec le maintien d'une activité professionnelle, la formation continue à l’ICP couvrent des domaines variés qui veillent à répondre aux besoins actuels et à venir des entreprises, des associations et des administrations dans les secteurs de la solidarité, de la médiation, du management et de la QSE.

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Publié le 22 décembre 2023 Mis à jour le 4 janvier 2024

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