Le groupe des doctorants de l’ISL : une tradition de recherche théologique bien vivante
Un vendredi matin par mois, Hélène Bricout et Isaia Gazzola, enseignants à l'ISL et Gilles Drouin, le directeur ont la joie de passer
trois heures avec la quinzaine de doctorants qui travaillent les questions liturgiques et sacramentaires et font vivre la grande tradition de recherche de l'Institut.
Trois heures d’échanges théologiques de haut niveau entre des chercheurs d’origines culturelles, confessionnelles très différentes et aux champs et méthodes de recherches très variés.
Rencontre avec le RP Olivier Sawadogo
Supérieur Vice-provincial des Rédemptoristes de la Vice-province d’Afrique de l’Ouest.
Effectivement le 3 novembre 2023, avec un grand plaisir, j’ai soutenu ma thèse de doctorat sur le sujet «
L’Instruction pratique pour les confesseurs d’Alphonse de Liguori. Actualité d’un traité moderne pour les confesseurs », sous la direction du Fr Patrick Prétot.
Toute la thèse a consisté en une
réflexion de perspective sacramentaire et liturgique sur la mise en œuvre du sacrement de la pénitence, surtout sur la relation entre confesseur et pénitent, à partir d’une œuvre qui a fait école dans l’Église latine dans la dernière période post-tridentine qu’est l’Instruction pratique pour les confesseurs de Liguori. L’horizon de notre réflexion a principalement été
les perspectives du concile Vatican II.
De nos jours, les préoccupations morales et canoniques, à la mesure même du passé, semblent revenir au premier plan avec les révélations d’abus au sein du sacrement alors que la perspective liturgique voulue par le concile Vatican II cherche encore son chemin.
Avec cette thèse, nous avons pu vérifier
qu’élucider les ambiguïtés liées au passé et discerner le positionnement des confesseurs modernes avec
l’aide du fondateur des Rédemptoristes sont importants pour
éclairer la célébration et les débats sur ce sacrement du pardon aujourd’hui.
En effet, le temps de la thèse a été
un temps d’épreuve particulière. J’ai été obligé de vivre une certaine solitude ou une certaine ascèse pour deux raisons. Déjà le sujet sur lequel les réflexions étaient portées m’y contraignaient, si je voulais une certaine originalité. Le temps imparti pour rendre le travail y a été également pour quelque chose, car il a fallu s’y investir au maximum, voire couper avec quelques activités sociales et certains loisirs.
Mais ce fut aussi
un temps de fécondité intellectuelle et spirituelle. Prendre le temps d’approfondir un seul sujet crée des liens avec les auteurs qui s’en sont préoccupés. Je tiens à noter aussi que
l’Atelier de Théologie sacramentaire et de Liturgie co-animé par les enseignants de l’ISL, Hélène Bricout, Gilles Drouin et Isaïa Gazzola a été, pour moi, un
haut lieu d’échange et d’ouverture d’esprit.
Il a forgé ma façon de poser mes questions et m’a ouvert à d’autres questions que les miennes. J’ai vécu ces trois heures par mois comme un
laboratoire de recherche avec la richesse de la diversité des sujets, des méthodes, des cultures, des traditions, qu’implique la diversité des participants.
C’est aussi pendant cette période de recherche que j’ai pu intégrer des milieux de liturgistes, comme la
Societas liturgica et l’Association des liturgistes francophones, l’Association
Sacrosanctum concilium.
Tout cela a été fécond en créant des liens intellectuels et spirituels et m’a beaucoup aidé à vivre cette période de recherche quelque peu ardue.
Effectivement, le 11 janvier 2023, donc 10 mois avant ma soutenance,
j’ai été désigné par le Chapitre vice-provincial comme Supérieur Vice-provincial. Notre Vice-province compte presque qu’une centaine de confrères et
s’étend sur 6 pays d’Afrique de l’Ouest. Dans la lettre de confirmation, le Gouvernement général me désignait comme « Modérateur de la Vice-Province et président du Conseil Vice-Provincial avec pour mandat de diriger et gouverner la Vice-province conformément aux Constitutions et Statuts, tant généraux que particuliers. » Il s’agit d’être pasteur, animateur et administrateur. Ce sont des fonctions que l’on peut confier à tout confrère selon les règles du droit.
Ceci dit,
une formation à haut niveau me semble d’importance capitale pour nos institutions ecclésiales. Dans un contexte ecclésial où le Saint-Père appelle de ses vœux à la
synodalité dans la vie et la mission de l’Église, une telle formation inculque nécessairement un réflexe de travail en réseau et la sensibilité au principe de réalité.
Dans la fonction de gouvernement, tout ne dépend pas de soi, ni des autres forcément. La manière de poser ou d’aborder les problèmes théologiques requise dans la formation théologique, par exemple, influe nécessairement dans la façon de considérer les personnes et les institutions dont on a la charge.
L’ouverture aux autres cultures que suppose toute formation est aussi nécessaire aujourd’hui pour animer nos institutions ecclésiales. Pour finir, je dirais qu’aujourd’hui la formation à haut niveau est nécessaire pour nos institutions ecclésiales, même si elle n’est pas suffisante.
A l’
Institut Supérieur de Liturgie, je voudrais formuler le vœu qu’il demeure un pôle de diffusion de l’esprit de la liturgie dans l’Église des peuples. Je voudrais aussi dire merci à l'Institut Catholique de Paris d’avoir posé en moi de
solides bases non seulement d’une
formation intellectuelle, mais aussi humaine, morale et spirituelle.
A mon cher pays le Burkina Faso, le pays des hommes intègres, je souhaite un retour à la paix et à la sécurité.