Portrait

Père Olivier Sawadogo : De doctorant à l’ISL à Supérieur Vice-provincial

Chaque mois, l’Institut Supérieur de Liturgie réunit ses doctorants pour des échanges de haut niveau autour de la liturgie et des sacrements. Rencontre avec le Père Olivier Sawadogo, ancien doctorant, aujourd’hui Supérieur Vice-provincial des Rédemptoristes.

Olivier Sawadogo

Le groupe des doctorants de l’ISL : une tradition de recherche théologique bien vivante

Un vendredi matin par mois, Hélène Bricout et Isaia Gazzola, enseignants à l'ISL et Gilles Drouin, le directeur ont la joie de passer trois heures avec la quinzaine de doctorants qui travaillent les questions liturgiques et sacramentaires et font vivre la grande tradition de recherche de l'Institut.
 
Trois heures d’échanges théologiques de haut niveau entre des chercheurs d’origines culturelles, confessionnelles très différentes et aux champs et méthodes de recherches très variés.
 

Rencontre avec le RP Olivier Sawadogo

Supérieur Vice-provincial des Rédemptoristes de la Vice-province d’Afrique de l’Ouest.
  • Père Olivier vous avez soutenu votre thèse l’an dernier, pouvez-vous en quelques mots nous dire quel était son objet ?

Effectivement le 3 novembre 2023, avec un grand plaisir, j’ai soutenu ma thèse de doctorat sur le sujet « L’Instruction pratique pour les confesseurs d’Alphonse de Liguori. Actualité d’un traité moderne pour les confesseurs », sous la direction du Fr Patrick Prétot.
 
Toute la thèse a consisté en une réflexion de perspective sacramentaire et liturgique sur la mise en œuvre du sacrement de la pénitence, surtout sur la relation entre confesseur et pénitent, à partir d’une œuvre qui a fait école dans l’Église latine dans la dernière période post-tridentine qu’est l’Instruction pratique pour les confesseurs de Liguori. L’horizon de notre réflexion a principalement été les perspectives du concile Vatican II.
 
De nos jours, les préoccupations morales et canoniques, à la mesure même du passé, semblent revenir au premier plan avec les révélations d’abus au sein du sacrement alors que la perspective liturgique voulue par le concile Vatican II cherche encore son chemin.
 
Avec cette thèse, nous avons pu vérifier qu’élucider les ambiguïtés liées au passé et discerner le positionnement des confesseurs modernes avec l’aide du fondateur des Rédemptoristes sont importants pour éclairer la célébration et les débats sur ce sacrement du pardon aujourd’hui.
  • Comment avez-vous vécu cette période, a priori un peu austère, de recherche ?

En effet, le temps de la thèse a été un temps d’épreuve particulière. J’ai été obligé de vivre une certaine solitude ou une certaine ascèse pour deux raisons. Déjà le sujet sur lequel les réflexions étaient portées m’y contraignaient, si je voulais une certaine originalité. Le temps imparti pour rendre le travail y a été également pour quelque chose, car il a fallu s’y investir au maximum, voire couper avec quelques activités sociales et certains loisirs.
 
Mais ce fut aussi un temps de fécondité intellectuelle et spirituelle. Prendre le temps d’approfondir un seul sujet crée des liens avec les auteurs qui s’en sont préoccupés. Je tiens à noter aussi que l’Atelier de Théologie sacramentaire et de Liturgie co-animé par les enseignants de l’ISL, Hélène Bricout, Gilles Drouin et Isaïa Gazzola a été, pour moi, un haut lieu d’échange et d’ouverture d’esprit.
 
Il a forgé ma façon de poser mes questions et m’a ouvert à d’autres questions que les miennes. J’ai vécu ces trois heures par mois comme un laboratoire de recherche avec la richesse de la diversité des sujets, des méthodes, des cultures, des traditions, qu’implique la diversité des participants.
C’est aussi pendant cette période de recherche que j’ai pu intégrer des milieux de liturgistes, comme la Societas liturgica et l’Association des liturgistes francophones, l’Association Sacrosanctum concilium.
 
Tout cela a été fécond en créant des liens intellectuels et spirituels et m’a beaucoup aidé à vivre cette période de recherche quelque peu ardue.
  • Vous exercez maintenant d’importantes fonctions de gouvernement dans votre congrégation, quel est l’enjeu de la formation à haut niveau pour nos institutions ecclésiales ?

Effectivement, le 11 janvier 2023, donc 10 mois avant ma soutenance, j’ai été désigné par le Chapitre vice-provincial comme Supérieur Vice-provincial. Notre Vice-province compte presque qu’une centaine de confrères et s’étend sur 6 pays d’Afrique de l’Ouest. Dans la lettre de confirmation, le Gouvernement général me désignait comme « Modérateur de la Vice-Province et président du Conseil Vice-Provincial avec pour mandat de diriger et gouverner la Vice-province conformément aux Constitutions et Statuts, tant généraux que particuliers. » Il s’agit d’être pasteur, animateur et administrateur. Ce sont des fonctions que l’on peut confier à tout confrère selon les règles du droit.
 
Ceci dit, une formation à haut niveau me semble d’importance capitale pour nos institutions ecclésiales. Dans un contexte ecclésial où le Saint-Père appelle de ses vœux à la synodalité dans la vie et la mission de l’Église, une telle formation inculque nécessairement un réflexe de travail en réseau et la sensibilité au principe de réalité.
 
Dans la fonction de gouvernement, tout ne dépend pas de soi, ni des autres forcément. La manière de poser ou d’aborder les problèmes théologiques requise dans la formation théologique, par exemple, influe nécessairement dans la façon de considérer les personnes et les institutions dont on a la charge.
L’ouverture aux autres cultures que suppose toute formation est aussi nécessaire aujourd’hui pour animer nos institutions ecclésiales. Pour finir, je dirais qu’aujourd’hui la formation à haut niveau est nécessaire pour nos institutions ecclésiales, même si elle n’est pas suffisante.
  • Avez-vous un message, un vœu à formuler, pour notre faculté, pour votre pays ?

A l’Institut Supérieur de Liturgie, je voudrais formuler le vœu qu’il demeure un pôle de diffusion de l’esprit de la liturgie dans l’Église des peuples. Je voudrais aussi dire merci à l'Institut Catholique de Paris d’avoir posé en moi de solides bases non seulement d’une formation intellectuelle, mais aussi humaine, morale et spirituelle.
 
A mon cher pays le Burkina Faso, le pays des hommes intègres, je souhaite un retour à la paix et à la sécurité.
Publié le 2 décembre 2024 Mis à jour le 12 décembre 2024

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