L'
ISEO, Institut Supérieur d’Études Oecuméniques, a réuni les auteurs de
Autocéphalies. L’exercice de l’indépendance dans les Églises slaves orientales (IXe-XXIe siècle) pour une rencontre autour du monde slave.
La rupture récente de communion entre le patriarcat de Moscou et celui de Constantinople suite à la création du Patriarcat de Kiev est l’une des multiples crises liées à la notion d’
autocéphalie, c'est-à-dire la création d’une Église nationale indépendante. Il représente
un concept clé pour qui veut comprendre le monde orthodoxe.
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Les historiens invités
Pour éclairer cette réalité complexe,
quatre historiens ont présenté leur publication récente,
Autocéphalies. L’exercice de l’indépendance dans les Églises slaves orientales (IXe-XXIe siècle). Cet ouvrage est le fruit d’un riche travail collectif qui
analyse la question et ses enjeux sur le temps long.
L’histoire des Églises autocéphales – gouvernées de manière indépendante sans autorité ecclésiastique supérieure, mais sans renoncer à la communion interecclésiale – est généralement exposée dans les termes de la controverse et construite à l’aune des revendications politico-identitaires contemporaines.
En ce sens, elle est fidèle à son creuset moderne : les nationalismes balkaniques du XIXe siècle. Ceux-ci présentaient le statut des Églises locales des nouveaux États comme la simple continuation des Églises autocéphales médiévales.
Pour dépasser ce récit des origines, avec ses pièges sémantiques, et aborder le sujet de manière critique, ce livre reprend à nouveaux frais le dossier sur la longue durée, seule à même de
montrer les franches ruptures entre les pratiques anciennes et la théorie récente.
Au sein d’une géographie cohérente, celle du monde slave depuis la Russie jusqu’aux Balkans, ce volume historicise les contextes dans lesquels, du IX
e au XXI
e siècle, prennent sens les tentatives d’autocéphalie, d’abord intimement liées aux décisions impériales byzantines et aux défis géopolitiques du moment. Avec les notions de schisme et de frontière,
les autocéphalies sont des phénomènes particulièrement révélateurs des dynamiques d’une communauté qui prend conscience d’elle-même et qui veut accéder au gouvernement de soi.
Avec :
Marie-Hélène Blanchet, directrice de recherche au CNRS (Laboratoire Orient et Méditerranée – UMR 8167). Elle étudie les transformations de l’orthodoxie byzantine à la fin du Moyen Âge et les relations entre l’Empire byzantin, l’Occident latin et le monde slave aux XIVe-XVe siècles.
Frédéric Gabriel, directeur de recherche au CNRS (IHRIM, ENS de Lyon – Université de Lyon). Il travaille sur la discursivité théologique, notamment dans son rapport à la pensée de l’institution (l’ecclésiologie et son historiographie).
Laurent Tatarenko, ancien membre de l’EFR, est chargé de recherche au CNRS (Institut d’histoire moderne et contemporaine – UMR 8066). Ses travaux portent sur les régulations sociales et les cultures institutionnelles des populations uniates et orthodoxes dans l’Europe moderne.
Constantin Vétochnikov, docteur en théologie (Université Aristote de Thessalonique), docteur en histoire (EPHE), ingénieur d’études à la Bibliothèque Byzantine du Collège de France. Domaine de recherches histoire des institutions, droit et diplomatique du Patriarcat Œcuménique de Constantinople et de la Russie médiévale.
Autocéphalies. L’exercice de l’indépendance dans les Églises slaves orientales (IXe-XXIe siècle), sous la direction de M-H. Blanchet, F. Gabriel, L. Tatarenko, Rome, Ecole Française de Rome, 2021.